Parce que… c’est l’épisode 0x657!

Shameless plug

Description

Introduction

Ce podcast explore la relation complexe entre les équipes Red Team et les solutions EDR (Endpoint Detection and Response), en mettant l’accent sur les dimensions business plutôt que purement techniques. Charles F. Hamilton partage son expertise terrain sur l’évasion des EDR et démystifie la confiance aveugle que beaucoup placent dans ces solutions présentées comme magiques.

La réalité des EDR : au-delà du marketing

Les EDR sont souvent vendus comme des solutions universelles de protection, mais cette perception cache une réalité plus nuancée. Il existe plusieurs types de solutions (EDR, XDR, NDR) avec des capacités différentes, notamment au niveau de la télémétrie réseau et de l’enrichissement des données. L’industrie de la cybersécurité reste avant tout un business, où les décisions sont guidées par des considérations financières, de croissance et de parts de marché plutôt que uniquement par la protection des utilisateurs.

Un aspect troublant est la romanticisation des groupes d’attaquants par certaines compagnies de détection, qui créent des figurines géantes et des noms accrocheurs pour ces groupes criminels lors de conférences. Cette approche marketing peut paradoxalement valoriser le crime et encourager de nouveaux acteurs malveillants.

Fonctionnement technique des EDR

Les EDR fonctionnent sur plusieurs niveaux de détection. D’abord, l’aspect antivirus traditionnel effectue une analyse statique avant l’exécution d’un binaire. Ensuite, la détection en temps réel utilise diverses techniques : le user mode hooking (de moins en moins populaire), les callbacks dans le kernel, et ETW (Event Tracing for Windows) qui capture de la télémétrie partout dans Windows.

Les EDR modernes privilégient les callbacks kernel plutôt que le user mode, car le kernel offre une meilleure protection. Cependant, le risque est qu’une erreur dans le code kernel peut causer un écran bleu, comme l’a démontré l’incident CrowdStrike. Microsoft a également implémenté les PPL (Protected Process Light) pour empêcher même les utilisateurs avec privilèges système de tuer certains processus critiques.

Un point crucial : les Red Teams sont souvent plus sophistiquées que les attaquants réels, précisément parce qu’elles doivent contourner les EDR dans leurs mandats.

Techniques d’évasion : simplicité et adaptation

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’évasion d’EDR ne nécessite pas toujours des techniques extrêmement sophistiquées. Plusieurs approches simples fonctionnent encore remarquablement bien. Par exemple, modifier légèrement un outil comme PinkCastle en changeant les requêtes LDAP et en désactivant certaines fonctionnalités détectables (comme les tentatives de zone transfer DNS ou les requêtes SPN) peut le rendre indétectable.

Un cas particulier intéressant concerne un EDR qui, suite à son acquisition par Broadcom, a cessé d’être signé par Microsoft. Cette décision business a rendu leur DLL incapable de s’injecter dans les processus utilisant le flag de chargement de DLL signées uniquement par Microsoft, rendant effectivement l’EDR sans valeur de détection.

Une stratégie efficace consiste à désactiver la connectivité réseau des processus EDR avant toute manipulation, en utilisant le firewall local. Même si des alertes sont générées, elles ne peuvent pas être transmises au serveur. L’agent apparaît simplement offline temporairement.

Les vieilles techniques qui fonctionnent encore

De nombreuses techniques d’attaque anciennes restent efficaces car elles ne sont pas assez utilisées par les attaquants standard pour justifier leur détection. Les EDR se concentrent sur le “commodity malware” - les attaques volumétriques - plutôt que sur les techniques de niche utilisées principalement par les Red Teams.

Charles cite l’exemple d’une “nouvelle backdoor” découverte en 2024 qui était en fait son propre code archivé sur GitHub depuis 8 ans. Pour les compagnies de sécurité, c’était nouveau car jamais vu dans leur environnement, illustrant le décalage entre ce qui existe et ce qui est détecté.

L’importance de la simplicité

Un conseil crucial : ne pas suivre les tendances en matière de malware. Les techniques à la mode comme le stack spoofing deviennent rapidement détectées. Charles utilise depuis 6-7 ans un agent simple en C# sans share code ni techniques exotiques, qui passe encore inaperçu. La simplicité et une approche différente sont souvent plus efficaces que la complexité.

L’utilisation de Beacon Object Files (BOF) avec Cobalt Strike évite l’injection de processus, réduisant considérablement les artefacts détectables.

Recommandations pratiques

Pour les organisations, avoir un EDR est essentiel en 2025 pour bloquer les attaques triviales. Mais ce n’est qu’un début. Il faut absolument avoir au moins une personne qui examine les logs quotidiennement, idéalement trois fois par jour. De nombreux incidents de réponse montrent que toute l’information était disponible dans la console EDR, mais personne ne l’a regardée.

La segmentation réseau reste sous-développée depuis 15 ans, principalement pour des raisons de complexité opérationnelle. Sysmon devrait être déployé partout avec une configuration appropriée pour augmenter exponentiellement la visibilité, malgré la courbe d’apprentissage XML.

La visibilité réseau est ce qui manque le plus aux clients en 2025. Sans elle, il est impossible de valider ce que les EDR prétendent avoir bloqué. Charles donne l’exemple de Microsoft Defender Identity qui dit avoir bloqué des attaques alors que l’attaquant a bel et bien obtenu les hash recherchés.

Conclusion

L’évasion d’EDR est une spécialisation à part entière, au même titre que le pentesting web ou Active Directory. Le secret est de comprendre profondément Windows, les outils et les EDR eux-mêmes avant de tenter de les contourner. Les entreprises doivent garder l’intelligence à l’interne plutôt que de dépendre entièrement des produits commerciaux.

Finalement, la collaboration entre Blue Teams et Red Teams reste insuffisante. Plus de synergie permettrait aux deux côtés de mieux comprendre les perspectives de l’autre et d’améliorer globalement la sécurité. La curiosité et l’apprentissage continu sont les clés du succès dans ce domaine en constante évolution.

Notes

Collaborateurs

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Tags: edr, evasion


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